Autiste version 2.0.1.7 – Mes résolutions.

Aspie version 2.0.1.7 - Mes résolutions.

Hier elles n’étaient pas encore décidées… je zigzaguais donc sur Facebook en tentant de laisser mon cerveau faire son remue-méninges en parallèle lorsque je vois passer cette question sur le fil d’une personne du club photo.

Le décompte du nouvel an commence …c’est quoi vot’ résolution ???

C’est ma chance. Je tente d’interagir le plus possible avec les gens du club et ce média social est la porte d’entrée parfaite puisque Facebook n’a pas encore de add-on : sons-images-mouvements-odeurs-proximité des gens intégrés tous en même temps. Puis mon écran me protège puisque j’ai le temps de penser au lieu de répondre des niaiseries. J’écris donc :

Je suis devant un document Word “brouillon” justement et je n’arrive pas encore à déterminer quels objectifs auraient le meilleur rapport efforts/résultats tout en étant atteignables au moins en partie. Il me faut le terminer avant demain pour le rendre applicable dès le premier.

C’est une bonne réponse, non ? Non. Je retourne donc à mes petites affaires et lorsque je reviens pour voir les réponses des autres participants je retrouve :

3 réponses

Pas de résolutions.

5 réponses 1/2

Blagues telles que donner la résolution de l’écran ( et le 1/2 c’est parce que pour une des réponses je ne suis pas certaine de mon évaluation à savoir si c’est pour rigoler ou pas), toujours embêtant ce truc. L’humour sous-entendu pour les autistes aspergers c’est comme un jeu de mot d’une autre langue que tu maitrises à moitié. Rire nerveux et visages embêtés/interrogatifs me voici, me voilà.

1 réponse

Sans lien avec la question.

1 réponse

Celle d’un monsieur qui a réellement pris une résolution, mais sous prétexte qu’il est vieux, comme si il fallait qu’il justifie le fait d’en prendre.

Résolution 1 – Adoucir mon propos envers moi

Mon premier réflexe quand j’ai lu les réponses des autres a été de me dire : T’es conne, t’as pas rapport. T’es encore complètement à côté du ton attendu, t’es trop sérieuse.

Après je me suis dit… ce n’est pas si grave, ce n’est rien en fait. Ce qui ne fait pas de mal ne mérite pas d’être jugé autant. Donc, ma première résolution sera d’être moins prompte à me lancer des insultes. Je n’insulte jamais jamais jamais les autres humains sciemment pourtant. Que moi. C’est devenu carrément un levier de motivation négatif, ce n’est pas sain.

15 points bonus au perso aspie… utilisable en estime de soi.

Si j’étais utopique je dirais que je veux cesser, mais comme les mauvaises habitudes ne se cassent pas en trois secondes et quart puis que j’ai envie de gagner un succès avec ça, le mot diminuer est légèrement plus gérable.

Attendre et se poser les questions

Le moyen

Je vais tenter d’établir un protocole d’analyse avec un système de pointage si je sens l’auto-haine arriver je poserai ces questions. Est-ce que ça fait du mal à quelqu’un ? Est-ce qu’il y a des conséquences néfastes ? Si c’est non, j’essaierai fort de l’ignorer.

Résolution 2 – Identifier et nommer les monstres gluants

Cette année, mon amoureux m’a donné la formule magique qui fait rapetisser les monstres*. C’est tout simple, il faut trouver le nom du monstre (peur) et le dire tout haut. Le problème c’est que lorsque le monstre apparait, on panique et on oublie qu’on détient cette arme secrète. Pourtant, elle est méga efficace.

En 2016, j’ai trouvé et dévoilé le nom d’un paquet de monstres ! J’ai commencé à avouer un peu partout que je ne reconnais pas les gens (prosopagnosie) et ça m’a enlevé un morceau d’angoisse. Monstre je ne te boude pas, c’est juste que  je ne sais plus qui tu es. Nommé.

J’ai expliqué à ma coiffeuse pourquoi je devenais toute figée et ça a simplifié le contact. Monstre je suis attaquée de toutes parts, mais tu n’as rien à te reprocher. Nommé.

J’ai donné un papier avec mes questions écrites à ma docteure pour femmes parce que juste le fait d’être dans son bureau me fait tellement perdre tous mes moyens que la voix me bloque et je fige sans réussir à régler ce qui doit l’être. C’est physique, la capacité à parler adéquatement se volatilise parfois d’un coup de baguette magique. Je l’ai expliqué (par écrit), et ai nommé l’asperger. Pas mal certaine qu’elle connaissait très bien ça puisque son attitude a changé du tout au tout. C’est un caméléon cette médecin. Elle est soudain devenue d’une clarté méga limpide et j’aurai certainement moins peur au prochain rendez-vous. Monstre je n’ai plus accès à mon cerveau dans certains cadres hauts en stress. Nommé.

Mise à jour de ce point. À l’instant, je viens de constater que je me suis trompé d’année dans le titre de mon article. Réflexe, ouvrir la bouche et dire… Je suis vraiment, vraiment, vraiment, vraiment… (…). Moment de silence. Mon objectif !!! J’ai réussi, j’ai stoppé l’insulte. Maintenant je dois continuer.

nommer la peur, le monstre

Le moyen

J’ai une idée amusante comme pas possible pour ça. Je vais dédramatiser en créant. C’est un projet embryonnaire et je ne veux pas tout dévoiler immédiatement. En gros, je vais suivre des cours de dessin et m’en servir pour contre attaquer à l’aide d’une armée de couleurs. Petits monstres, vous n’avez qu’à bien vous tenir. Je vais vous donner un aspect pas mal plus inoffensif que celui que vous tentez de prendre. Et vlan dans les dents.

Résolution 3 – Prendre la liberté qu’on me donne

Personne ne me met de bâton dans les roues. Mon plus grand obstacle présentement c’est moi. Hier mon conjoint écoutait la télévision et je ne l’ai pas entendu se lever. Je croyais donc être seule et je prenais plaisir à frotter mon bras et ma main sur le mur granuleux autour du foyer. C’est plein de petits pics-pics secs et la sensation pétillante et adhérente me permet de mieux prendre conscience de l’ensemble des limites de mes extrémités et morceaux de corps. J’ai souvent l’impression que ma chair est séparée de moi, ma motricité globale a des lacunes sur plusieurs aspects et ce petit geste, tout en étant particulièrement agréable, me replace l’esprit dans l’enveloppe.

Quand je l’ai aperçu, j’ai vite gigoté mes doigts pour retirer la sensation puis je me suis sentie coupable, un peu honteuse. Lui, en a profité pour rire et me taquiner; il trouvait très drôle que je me cache pour ça. Puis c’est là que j’ai réalisé que ces obstacles-là, c’est à moi de décider de les retirer. Des fois je le fais, mais trop souvent non.

Ce n’est pas sorcier, on le sait d’où ça vient. J’ai été élevée comme ça. Il y a trente ans, à l’école, plus tu étais invisible et pareil, plus tu étais un gentil enfant. Il serait temps que j’en revienne. On m’a bien appris un paquet d’autres choses que je rejette sans problème, pourquoi faut-il que j’aie tout le temps peur qu’on n’aime pas mes petites variantes et qu’on me dispute ou me juge?

Une différence

Ça va être ça l’objectif trois.

Arrêter de penser que tout dérange tout le temps. Cesser d’extrapoler et d’imaginer que je suis un problème quand ce n’est pas le cas. Les gens ont assez de leur vie et de leurs petits soucis pour que ce genre de détails les affecte. Puis si c’est le cas, je n’ai pas à le prendre sur moi.

Le moyen

On va simplifier tout ça, je vais prendre exactement le même moyen que pour l’objectif 1. Les deux mêmes questions. Est-ce que ça fait du mal à quelqu’un? Est-ce qu’il y a des conséquences néfastes ? Si c’est non, j’essaierai fort de l’ignorer.

2018

Je n’ai plus le choix, j’ai tout mis ça sur les internets (rire) c’est public. Je vais être obligé d’y mettre les efforts. Dans un an pile on verra bien si c’était réaliste ou pas, et si, comme mentionné, mes objectifs avaient le meilleur rapport efforts/résultat.

* Article sur les montres (peurs).
La nomination du monstre le fait rapetisser. Ou pourquoi nommer notre ressenti. LIRE

BONJOUR!

Je suis Valérie Jessica Laporte. Bienvenue dans mon univers autistique.

Femme blanche autiste souriante avec lunettes bleues et tresses bleues

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