Ce besoin de logique! Ou quand même les processus supposément scientifiques ne le sont pas.

Sondage de la part d’une grande entreprise reconnue pour le sérieux de ses études.

– Suite à votre récente expérience de service à la clientèle avec l’entreprise X, à quel point recommanderiez-vous l’entreprise X à vos amis ou à vos proches sur une échelle de 1 à 10, 1 étant hautement improbable et 10 hautement probable?

– Ah, mais attendez, c’est deux questions ça. Il n’y a pas de corrélation entre la qualité du service à la clientèle que j’ai reçu ce jour-là et si je vais recommander ou pas ce type d’entreprise à mes amis ou à mes proches.

– Mais madame, pouvez-vous me donner un chiffre de 1 à 10. (soupir)

– Mais non, c’est comme si vous me demandiez quelles sont les probabilités que demain je mange une orange pomme. Je vais vous dire 9 sur 10 pour les pommes et en dessous de 1 sur 10 pour les oranges parce que cette semaine les pommes vertes sont vraiment délicieuses et on en a fait une réserve, mais pas les oranges.

– Madame, je comprends, mais je ne peux pas couper la question en deux. On veut savoir si vous avez eu un bon service.

– Oui, 10 sur 10 pour le service, mais je ne vais pas recommander l’entreprise.

– (…) Bonne journée madame.

Parfois, c’est tellement illogique. Ça m’obsède.

Je ne suis pas capable de seulement laisser tomber et de répondre avec nonchalance en faisant abstraction du ridicule de la situation. Je suis obligée de réagir et de mentionner clairement à la dame mon opinion mieux formulée. C’est viscéral.

Le plus petit de mes ados en a profité pour me donner son opinion.

Au final, peut-être qu’elle s’exprime un peu mal, mais pour les gens normaux, c’est comme une note, comme si on donne entre une à cinq étoiles. Tu réfléchis différemment, ça doit être pour ça. Moi non plus je ne les aurais jamais recommandés, mais j’aurais quand même répondu le maximum.

Après trois tours autour de la table en avec une main sur le menton et un petit rire lors de l’arrêt final.

On dirait une blague…même si tu ne fais pas exprès, tu finis toujours par en faire un truc extrêmement drôle. Vive les non neurotypiques.

Pourquoi je raconte ça ?

Pour ne pas que ça vous fâche si l’autiste que vous connaissez bloque sur ce que vous, neurotypiques, appelez des détails.

Pour ne pas que vous pensiez qu’on le fait exprès, c’était juste impossible pour moi de ne pas répondre de manière précise et de ne pas corriger les mots qu’on tentait de me faire dire.

Pour qu’on prenne nos différences en riant au lieu que ça nous frustre les uns les autres. Parce que moi, je trouve ça vraiment très très bizarre comme formulation, alors si jamais vous trouvez bizarre que ça me dérange autant, c’est réciproque. Je ne comprends pas que vous laissiez passer ça.

Si j’avais fait l’effort de répondre 10 quand même, j’aurais eu l’impression d’un peu me trahir, ou encore de manger un truc pas frais ou, à la limite, je pense que je me serais sentie humiliée ou honteuse. C’est intense, mais c’est comme ça que ça se passe dans ma tête si vous me demandez d’agir de manière approximative et bâclée.

Au final, j’ai été cohérente avec moi-même. Bon, la dame des sondages doit se demander quelle énergumène est-ce qu’elle vient d’interroger, mais ce n’est tellement pas grave.

BONJOUR!

Je suis Valérie Jessica Laporte. Bienvenue dans mon univers autistique.

Femme blanche autiste souriante avec lunettes bleues et tresses bleues

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