Page blanche sur mon âme multicolore.

Au royaume d'une Asperger - québec

Une petite lumière a éclairé mon esprit agité. La découverte d’un début de compréhension de mon être teinte différemment ma vision des choses. Les zones d’ombres se découvrent doucement pour laisser plus de place aux couleurs et je commence à explorer le fait d’être un peu plus moi même en me surveillant un tout petit peu moins. Je soulève avec prudence le voile de discipline et d’autoréprimande que j’ai mis tant d’années à bâtir. Ça me fait peur, c’est déstabilisant et différent. J’ai l’impression de retirer couche par couche un plâtre qui retenait mon corps et mon esprit bien ficelés ensemble. Que vais-je trouver en dessous ? C’est réparé, fonctionnel ou est-ce qu’une fois la barrière tombée tout va se désintégrer ? C’est légèrement euphorisant ce qui n’empêche pas que je devrai y aller étape par étape.

Coincée ?

Un ami m’a récemment reproché d’être coincée. En fait il a utilisé le terme stuck-up. Oui, souvent, mais c’est que je dois surveiller tellement de milliards de petits détails en même temps que j’ai en permanence la peur d’en laisser échapper une. Comme si tout mon corps était indépendant de moi et qu’il possédait son propre esprit d’initiative avec lequel je ne serais pas nécessairement d’accord. Alors je deviens parfois control-freak vis-à-vis de moi même. Je pèse mes mots, je me filtre et me censure pour avoir en permanence ce langage adéquat et (normal). J’épie mes membres pour éviter tous les petits tics nerveux ou mouvements non conventionnels (qui d’ailleurs sont pas mal sous contrôle maintenant). J’ai toujours les deux pieds sur le frein, car si je me laisse aller je suis immédiatement emportée par une vague d’hyperactivité. Non que ce soit totalement désagréable pour moi, mais cette ébullition émotionnelle, je crains que ça ne plaise pas à tous.

Laisser aller le naturel…

De plus, ça ouvre la fenêtre sur mes petites obsessions et mes réactions différentes ou surprenantes. Depuis peu, j’ai donc commencé à relâcher le contrôle de temps en temps et je ne déteste pas . Ça me rend joyeuse. Je croyais que j’allais taper sur les nerfs des gens, mais à ma grande surprise, pas tant que ça. C’est tout nouveau, il faudra que j’établisse un protocole de tests pour valider que c’est jouable, mais ça s’annonce bien. Par contre, il faut encore qu’on m’ouvre la porte… C’est ce qui s’est passé justement vendredi.

Mon blogue.

À ma grande surprise, on me lit. On s’abonne même à mes écrits. Je n’ai pas trop compris ce qui s’est passé, mais je reçois beaucoup de petits messages gentils et ça me retourne complètement. De mettre des mots sur ce qui se déroule dans ma tête m’aide à l’apprivoiser et un réel plaisir s’installe, celui de m’autodécouvrir en laissant le clavier dévoiler des pensées dont je n’osais pas accepter l’existence. J’ai vécu à côté de moi sans me comprendre et sans tenter de le faire durant si longtemps. Oh… je ne dis pas que tout est rose du jour au lendemain. J’ai continuellement des doutes quant à la légitimité de ma démarche d’écriture.

Questionnements constants.

Est-ce que c’est égoïste ? Est-ce que c’est Je, moi et moi-même ? Est-ce que c’est mal ou égocentrique ? Sans doute un peu, alors je culpabilise. La bataille fait rage entre celle en moi qui ne s’aime pas et celle qui voudrait accéder à un peu plus de… je n’arrive même pas à trouver de mot, confiance, estime ? Je suis déchirée, contente d’entrevoir enfin un morceau de moi qui me plait un peu, mais mal à l’aise et incertaine d’avoir la permission de jouer avec. Pour de mystérieuses raisons, pour l’instant écrire me procure une drôle de petite dose de paix intérieure. Je sais, c’est à la limite du cliché. N’empêche, si ça fait du bien, normalement on continue, non ?

La photo.

Avec tout ça, ça devenait impersonnel de ne pas avoir de photo pour mon blogue. J’ouvre un accès direct sur ma cervelle, mais je n’ai pas d’image qui me représente vraiment pour appuyer mon propos. Des photographes j’en connais… je préfère ne pas demander à mon amie du club photo, déjà qu’elle me voyage à chaque fois, je ne veux pas pousser ma chance. Pas évident. Je contacte donc un très doux et calme monsieur. Un metteur en scène axé sur l’humain, la différence, la compréhension et l’ouverture sur les autres. Une perle. Et il est aussi photographe. Je lui écris donc ce message.

Coucou. Je me demandais, j’aurais besoin d’une photo qui me ressemble, mais sur laquelle on ne me reconnait pas. C’est compliqué hein ? Je veux qu’on sente comment je suis, mais sans vraiment pouvoir me reconnaitre à moins de me connaitre vraiment bien. Ça vous inspire ? Je suis pas genre sexy, ni romantique, ni mystérieuse, ni rien de ça. Simple, sympa, avec de la personnalité peut-être, ou pas ? Je sais pas…

Je me disais, je veux être authentique, c’est important, mais de là à montrer mon visage à la terre entière j’ai trop de craintes. Et si je lui demande une photo visage caché il risque de me proposer cette absurdité de femme mystérieuse que je ne suis absolument pas. Tout jeu d’ombre, de voile ou d’énigme ce n’est pas moi. Juste à l’idée de prendre une pose d’une profondeur théâtrale je suis morte de honte. Non seulement je n’ai souvent même pas encore l’impression d’avoir la maturité pour prétendre être vraiment une femme (je me sens comme une enfant), mais je suis trop insécure pour jouer le jeu. Un jour, on est venu m’interviewer dans le cadre de mon travail et je devais être prise en photo pour le journal. Le photographe m’a pratiquement forcé à me pencher vers l’avant et même si je demeurais décente j’ai tellement intensément et épouvantablement détesté cet instant que ça m’a complètement embrouillé les pinceaux pour l’entrevue qui a suivie ce qui fait que ça a été un véritable désastre. Ce fut si mauvais que je n’ai dit à personne qu’on pouvait m’y voir. Pourtant, à l’origine, c’était presque censé être « mon heure de gloire ».

Pourquoi il ne répond pas ?

Suite à cette demande, je n’ai pas reçu de réponse durant un certain temps. Je me doutais bien qu’il se demandait quoi faire puisque côté concept pas clair je ne lui donnais pas ça facile. Il m’invita à l’appeler et nous avons discuté un peu. Il réalisait bien que j’étais pleine de réticences et de retenue, et ça, pour un photographe c’est franchement désagréable. J’ai conscience d’être un sujet non coopératif et mes craintes risquaient d’entraver son travail. Il m’explique sa vision, me mentionne qu’il sera important qu’il réussisse à me mettre à l’aise, ce à quoi je ris jaune. Voyons donc, c’est impossible. Je ne vois pas comment il pourrait parvenir à me rendre plus détendue. On verra… Il y a tellement de travail dans l’auto construction de ma muraille, je n’en casserai certainement pas les briques si aisément. C’est là qu’il m’apprend qu’il est déménagé. Il ne demeure plus à côté de chez moi, non, il vit maintenant dans la forêt. Oh non ! Pas un autre ! Il m’explique en détail la route et dit qu’il est pratiquement impossible que je me perde, selon lui, c’est facile, vraiment. Ouf. On passe une entente, s’il neige, s’il pleut, s’il y a quoi que ce soit qui se promène dans mon champ de vision on annule le rendez-vous. Parfait.

Je déteste conduire et la conduite me le rend bien.

Comme à l’habitude, bien entendu, le petit bonhomme orange de Google Maps ne s’est pas aventuré si profondément. Par contre, contre toute attente, mon GPS semble coopérer et avoir une bonne idée de l’emplacement. Joie. C’est parti… Ça ne fait pas trente secondes que je suis en route que je ne m’endure plus. Ma botte de droite semble attachée un peu plus serrée que ma botte de gauche. C’est probablement parce que mon pied est relevé légèrement pour les pédales, mais ma sensation n’est pas symétrique. Par chance, le premier feu de circulation est au rouge. Vite, vite, je me glisse sous le volant, je refais la boucle juste à temps et je redémarre. Sauf que maintenant c’est le contraire, donc je ralentis le plus possible pour manquer mon prochain feu par exprès afin de renouer aussi la botte de gauche. Après quelques arrêts et plusieurs essais/erreurs, je parviens non sans mal à établir une égalité de pression entre mes deux chevilles. Je tente de me calmer, mais le mal est fait, j’ai l’impression de sentir en permanence cette différence sur ma peau. Je change frénétiquement la musique que le mode aléatoire me propose, mais rien n’arrive à me distraire suffisamment. J’effectue des aller-retour sans fin avec mon pouce sur le volant pour créer un rythme régulier de la perception de la couture du cuir sous mon doigt. C’est rassurant lorsqu’on commence à savoir exactement quand et comment notre main va se sentir la seconde d’après. Le GPS me beugle des ordres inutiles dès les premières rues empruntées. Avec mon esprit de contradiction et la haine de l’autorité j’ai juste envie de faire exactement le contraire de ce qui m’est proposé, ce qui ne serait pas bien sage. Même en me raisonnant, ça m’irrite profondément. Bien entendu, au carrefour giratoire j’emprunte la mauvaise sortie, mais cette fois-ci le GPS n’intervient pas. Il se plait à me dire quoi faire seulement quand je suis déjà au courant ? J’avance donc jusqu’au bout du monde des vivants puisqu’il n’y a tout simplement plus de route.

Par chance le photographe répond au téléphone et m’explique mon erreur. À mon grand désarroi, cette sortie du carrefour mène sur une route déneigée d’un seul côté, et pas le mien. Tentant de rester positive, je dois admettre que le retour en sera facilité. À quelques reprises je me range sur le côté pour laisser passer les autres puisque personne ne semble se soucier du fait que c’est glissant. Et tout à coup je trouve enfin l’entrée en direction de la forêt. La route me semble interminable. Rapidement, un 4×4 arrive derrière moi et me colle comme s’il désirait que je le transporte sur mon dos, mais je ne peux pas le laisser passer, la route est trop étroite, ce qui me place en situation de stress extrême. Je déteste faire attendre les gens, j’ai toujours l’impression qu’ils vont me détester, j’en perds mes moyens. Je m’imagine un être, dans son véhicule, derrière, en train de m’en vouloir à mort de lui voler ses précieuses secondes. Dès que je vois un semblant de chemin vers une habitation je m’y engouffre pour le laisser passer son chemin sans moi dans les pattes. Je finis par arriver assez proche du point sur la carte, mais au lieu de faire une belle route droite, le GPS a formé une espèce de gribouillis dessin tout vert sur la fin du chemin. C’est vraiment ça. Et ça couvre toute la zone devant moi, je cherche donc encore un moment et enfin je crois être au bon endroit puisqu’un homme me fait signe de la main. Avec ma non-reconnaissance des visages, ça pourrait être n’importe qui, mais celui-ci semble m’attendre.

Nouveau lieu. Tant de données.

Entrer dans un nouveau lieu c’est un milliard de renseignements qui m’attaquent de partout, le premier étant l’odeur, mais ici ça va de ce côté. La plupart du temps, les maisons des autres m’oppressent, me coince et avancer vers l’intérieur c’est semblable à traverser un château de MarioBros. Les dangers sont omniprésents, je dois me concentrer de toutes mes forces et j’ai la peur constante de faire une bêtise. Je préfère généralement demeurer près de la porte ce qui est rarement possible. Je suis figée dans l’entrée, pas nécessairement prête à affronter les boules de feu et les monstres maléfiques. Pour me calmer, comme à l’habitude, j’attaque ma gourde d’eau, ça me donne quelque chose à m’occuper parce que je n’ai absolument aucune idée de quel doit être mon prochain mouvement, ma prochaine parole et ce qu’il convient de faire. Dans ces moments c’est toujours le même scénario, un bruit sourd s’installe au centre de ma tête, j’ai soif, j’angoisse et je nage dans la gélatine. Les secondes s’étirent et j’attends les instructions claires qui me permettront de naviguer à travers tout ça. Je le vois dans le regard des gens la petite interrogation qui pointe le bout de son nez. Elle fait quoi, là ?

Ils sont tout fiers de cette nouvelle maison qu’ils ont construite de leurs mains. Normal, c’est réussi. La dame tient particulièrement a m’en montrer les moindres recoins. Ils me parlent du processus et dans la discussion, je finis par lâcher un truc un peu pas mal trop intelligent qu’ils me font répéter puisque cette remarque n’est pas tout à fait le genre de chose qu’on s’attendrait à m’entendre mentionner. Je n’ai pas la tête de l’emploi comme on pourrait dire. Le monsieur me dit carrément : « Mais toi, t’es une extra-terrestre ? » et ils me complimentent tous les deux ce à quoi tout ce que je trouve à répondre c’est … heu, je n’ai pas fait exprès. Zut, disons que j’ai brisé le rythme. Pour les trucs pertinents que je pourrais déclarer, on repassera.

Lors de mon avancée, tout à coup, à un emplacement plus que précis ma tête se calme. Je ne comprends pas comment c’est possible alors je reviens rapidement sur mes pas, et j’y retourne à nouveau. Je zigzague entre les deux et je m’exclame, ha ! Mais ici c’est comme coupe-son ? Toutes les petites vibrations environnantes sont immédiatement en sourdine et pourtant c’est relativement à aire ouverte, ça ne devrait pas faire cet effet d’une manière si prononcée. Soudain, je crois saisir, oui sans doute que les sons sont diminués, mais d’ici c’est une superbe vue sur un lac que je n’avais même pas remarqué en arrivant, trop obsédée que j’étais à l’idée de faire une entrée potable socialement. Donc l’eau me calme et permet à mes oreilles de fonctionner avec moins de ferveur. Bien. Je dois néanmoins quitter cette zone pour me rendre au studio photo. Ce qui me fait passer tout près de la salle de bain et de la chambre des maitres que la dame veut aussi me faire visite. Je lui mentionne que c’est sans doute des pièces trop personnelles, mais cela semble être le dernier de ses soucis.

Nous descendons donc au sous-sol, mais surprise, c’est encore tout plein de fenêtres et je n’ai qu’une envie regarder dehors. Le photographe n’a qu’une idée en tête, il a décidé, lui, qu’il voulait mieux me comprendre pour prendre ses images. Quelle drôle d’idée… Il commence à poser un paquet de questions. J’explique ma vision des couleurs, des lignes, des formes, un peu comment je perçois un environnement artistique quoi. Il me demande la permission pour une question suivante, et moi complètement emportée par ma description technique de ce que je trouve joli, je réponds qu’il n’y a aucun problème et qu’il peut me demander ce qu’il veut. Je ne m’attendais pas à ça, il dit simplement : « Pourquoi moi ? Tu en connais plein des photographes… » Au secours ! C’est quoi cette question… et à l’idée de la réponse, les larmes me montent immédiatement aux yeux. Je regarde vers la gauche le plus fort possible pour retenir les flots dévastateurs qui poussent encore pour sortir par les yeux. Pourquoi ça me fait tout le temps cet effet ? Je lui dis qu’il est patient.

La patience. Merci quand vous l’avez.

Ce simple mot, pour moi, est bien plus riche de sens qu’il ne peut l’imaginer. En fait c’est infiniment intense à mon sens. Je le sais que lui, spécifiquement, est branché sur l’humain. Il a un réel intérêt envers les autres, une espèce de sensibilité et d’approche empathique que peu de gens possèdent. Il ne verra pas la différence comme un problème, mais plutôt comme un atout. Il ne m’envahira pas, il ne me forcera pas, il ne s’impatientera pas et je n’aurai pas à être confronté à cette humiliante sensation d’être une moins que rien comme je le vis habituellement dans des situations semblables. Je suis consciente que ma rigidité et mon stress ne l’aideront pas à travailler correctement, mais avec lui, je n’aurai pas à percevoir cet agacement ou cette irritabilité envers moi dans son regard. C’est ça que j’ai répondu dans ma tête, mais avec mes mots ce fut juste « votre patience ». Il commence à tenter quelques clics, mais je ne le sens pas, je fais juste regarder dehors. Je veux aller dehors. C’est tellement beau.

Dès que je place le pied à l’extérieur, je le mentionne, ouf ! c’est comme si les sons venaient de tous s’éteindre en même temps dans mon cerveau. Je m’arrête et je savoure un instant ce moment.

Nous nous dirigeons vers le bord de l’eau. Mes pieds marquants la neige pure et neuve m’émerveillent, j’ai l’impression de marcher sur des cristaux et je fais très attention, comme si je risquais de tout briser. Arrivée à deux pas du quai, ne connaissant pas trop exactement son emplacement de départ j’hésite. Chaque pas au sol craque et grince doucement. Très lentement, je m’installe sur le banc blanc, symétrique, bien centré sur le quai, blanc lui aussi de flocons magnifiques. C’est ma place. C’est parfait. Nous commençons, ça va vraiment bien, il est tellement calme, ça m’apaise. Je le savais que c’est lui que je devais aller voir. La neige commence à tomber et l’affolement prend mon cœur d’assaut. Oh, non, je ne pourrai pas retourner chez moi s’il neige, je ne verrai rien, je vais paniquer, c’est impossible, qu’est-ce que je vais devenir ? Comble de la gentillesse, il dit que si c’est le cas il ira me porter et j’arrive à faire abstraction du fait que je ne sais pas si je serai en état de retourner à la maison. Je suis trop contente, il a réussi à comprendre exactement mon besoin et il n’a pas tenté de me faire ressembler à autre chose qu’à moi même. Tout ça dans le respect. La terre est pleine de gens bien, il faut juste les dénicher. De retour à l’intérieur, on a quand même 116 photos à regarder. Et là je suis en ébullition, soulagée, de bonne humeur et complètement survoltée. Lorsque l’euphorie monte comme ça, je deviens complètement volubile. Il a su me mettre en confiance, gare à lui. Je parle comme si je n’avais jamais parlé de ma vie et que tous les mots cherchaient à coexister en même temps. Je ne cesse de lui mentionner ma reconnaissance.

Désolée, j’aime pas qu’on me touche.

À la sortie, il me demande s’il peut me dire au revoir et merci en me prenant dans ses bras, je sais que ça se fait souvent, mais je ne suis pas vraiment capable alors je dis non et il est un peu surpris, car j’ai l’impression que normalement les gens lui disent oui. Il me demande alors l’approbation pour une question… ok ? « Pourquoi tu es comme tu es, est-ce que tu ne serais pas Asperger ? » Carrément dessus. Direct. Le seul désavantage lorsque je suis naturelle c’est que c’est nettement plus visible. En retirant mes filtres habituels, je me sens mieux, c’est vrai, mais la différence est plus marquée. J’ai décidé que je suis prête à vivre avec ça.

Je me sens bien comme je suis, c’est trop bizarre et nouveau, mais je me sens contente d’être moi aujourd’hui.

Je retourne à la maison satisfaite, sans frustrations, avec l’impression d’avoir été authentique sans compromis. Sur un petit nuage, je note et tente de comprendre ce qui fait que je me sens parfois si intensément bien tout à coup et ce que je comprends c’est que ça arrive quand je cesse de m’autocensurer et de me restreindre. Sur mon mur de béton il y avait bien une petite porte, mais si peu de personnes avaient la clé. Je suis en train d’y poser des fenêtres et lorsque je les ouvre c’est une bouffée d’air frais sur mon âme qui entre à toute vitesse.

On se parle le lendemain pour le transfert des photos. Il me mentionne que sa femme et lui m’ont aimé. Ça me fait tout drôle. Il commence une phrase : « Ma femme dit que tu es comme une… », il interrompt le dernier mot, mais il allait dire enfant, j’en suis pratiquement certaine. Il se reprend et dit que je suis magique. C’est fou quand même, j’ai passé ma vie à être persuadée que j’avais une petite voix fatigante, que j’étais énervante, stressante et trop intense et pourtant, plus je retire de morceaux d’armure pour laisser place à la réalité, plus je reçois de rétroaction positive. Je ne sais plus quoi penser. J’ai envie de crier sur les toits, de sauter partout et d’arrêter de me brimer. Le lendemain je ne sais plus et je retourne me cacher, mais une chose est certaine, tranquillement je vais devoir faire la paix avec moi et juste accepter d’exister telle que je suis. On avance, c’est positif, c’est une belle saison qui commence. Avec la neige neuve, je vais tenter de faire page blanche sur certaines de mes mauvaises perceptions.

BONJOUR!

Je suis Valérie Jessica Laporte. Bienvenue dans mon univers autistique.

Femme blanche autiste souriante avec lunettes bleues et tresses bleues

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