Comment le diagnostic d’autisme a changé ma vie positivement !

Comment le diagnostic d'autisme a changé ma vie positivement !

J’ai la permission d’exister comme je suis. Avez-vous une idée de la valeur de ça ? C’est un cadeau de moi à moi que j’ai laissé des années dans le garde-robe sans oser le déballer et là, j’ai le droit.

Imaginons un coureur médiocre, qui s’entraine comme un fou, mais qui, jamais, n’arrive à suivre ses coéquipiers à l’entrainement. Il se bat contre ce retard, s’en accuse, croit parfois manquer de volonté et pourtant, mathématiquement, il a la vaillance des combattants. Un jour, il découvre que dans ses jambes, certains muscles sont manquants ! Absents, carrément. Il réalise que les efforts incroyables qu’il a déployés lui ont permis de demeurer fonctionnel malgré le défi, pour tenir la forme dans sa vie de tous les jours. Sa perception bascule, il peut se permettre d’essayer d’être fier. Il maintient ses efforts, mais en parallèle, entame un nouvel entrainement, dans lequel sa condition ne lui causera pas de contraintes. Il y performe. Je me sens comme ça.

Gaspillage d’énergie négative.

J’avais tellement les yeux braqués sur mes lacunes que je n’avais pas accès à mon plein potentiel. Au lieu de me concentrer sur mes talents, je me bâtais constamment contre mes différences. L’amoureux me nommait mes points forts, mais en mon for intérieur, je croyais son jugement biaisé. J’étais inférieure.

Découverte des talents.

Lorsque j’ai cessé de focaliser sur mes manquements pour miser sur les forces que mon état autiste me procure, c’est toute la vision de moi-même qui a changée. Ma créativité est en ébullition ! Je photographie comme je vois et comme je sens, les détails avant le tout… ou en alignant des objets, j’écris comme je pense et j’y prends plaisir comme jamais à laisser courir mes doigts sur le clavier, parce que c’est cette permission d’authenticité qui rend mes petits récits vivants ! Mon traitement de l’information, si particulier, est un moteur créatif et mes perceptions d’apparence étranges pour les neurotypiques, teintent mes œuvres pour les rendre uniques.

De petits joyeux exemples…

Les non-permissions de l’infériorité.

Inférieure, je ne pouvais pas offrir mon cœur à des amis, c’était bien trop risqué, parce qu’une fois qu’ils l’auraient visité, ils se seraient sauvés. Inférieure je ne pouvais pas défendre mon point de vue, exprimer d’opinion claire ou prétendre avoir des besoins que je ne savais pas justifier. Inférieure, j’essayais d’être le plus invisible possible. Me faire oublier était l’option. Comment aurais-je osé prétendre être assez intéressante pour me permettre de discuter pour vrai avec les autres ?

Je ne suis pas médiocre, je suis différente !

Le diagnostic m’a permis de comprendre ma valeur et de mettre en lumière les bons côtés de moi dont je faisais abstraction. J’ai commencé à croire finalement, que oui, j’étais sans doute une assez mauvaise neurotypique, mais qu’en revanche, j’étais une excellente autiste. Pas douée dans les mêmes choses, simplement !

Je ne comprends peut-être pas les codes sociaux, les jeux de pouvoir, les non-dits et les protocoles pour bien paraitre en société, mais je remarque que beaucoup de personnes me confient maintenant leurs plus intimes secrets et se permettent d’être authentiques avec moi… comme si mon absence de conformité et de filtre les assurait du fait que je ne jugerais pas.

J’ai sans doute de la difficulté à savoir ce que les gens ressentent parce que pour moi c’est différent et avant j’en avais honte… Mais maintenant, j’en profite pour poser des questions de cette manière inusité (ma vraie manière), et ça force les neurotypiques à analyser les situations émotionnelles sous un tout nouvel angle, ce qui leur donne de nouveaux indices pour des prises de conscience ou des pistes de réflexion non conventionnelles. Et vous savez quoi ? Ils aiment ça ! Ils me l’ont dit ! Souvent ! Ils utilisent aussi des phrases comme : « Si tu n’existais pas il faudrait t’inventer. » ou  « C’est enrichissant de discuter avec toi. ». Je n’avais pas droit à ça avant.

Je suis assez nulle pour cacher quoi que ce soit, mais vous aurez droit à la vérité pure… J’angoisse à mort avec le temps, mais je suis fiable, je suis rigide souvent, mais je suis rigoureuse… ça c’est le balancier.

Le balancier.

Je remarque que les différences ont souvent cet effet de balancier pour un retour vers l’équilibre. Il y a rarement un seul côté à la médaille. Les personnes non voyantes développeront leurs autres sens de manière exponentielle, les personnes trisomiques ont ce don pour être particulièrement attachantes et beaucoup de personnes handicapées physiques que j’ai croisées ont ce courage et cet optimisme qui me renverse.

Les gauchers, minoritaires, salissent leurs cahiers, mais sont avantagés dans plusieurs sports et les dyslexiques sont surreprésentées chez les chefs d’entreprise à cause de la débrouillardise dont ils ont été obligés de faire preuve dès l’enfance. J’oubliais de regarder le bon côté de mon balancier et le diagnostic m’a donné la clé pour le faire.

D’autres sont passés par là.

Avoir un mot permet de discuter avec d’autres humains partageant la même réalité. Leur expérience, leurs astuces, leurs outils, leurs bons coups et leurs échecs, tout est disponible, accessible et ça a fait une énorme différence dans ma vie. Demander à un neurotypique de m’expliquer comment gérer les sons alors qu’il n’est nullement incommodé, c’est comme un peu normal que ça ne fonctionne pas…

C’est une bouée de sauvetage.

C’est une porte de sortie, une bouée de sauvetage, une carte Joker, appelez ça comme vous voulez, mais ce petit mot AUTISME ne cesse de me sauver la peau. Les gens sont de plus en plus informés puis ça me donne la permission d’expliquer. C’est gagnant-gagnant.

  • En nommant l’autisme, je peux demander à ne pas être touchée sans que les gens se sentent rejetés. Ils ne sont pas insultés et ma bulle est préservée.
  • En nommant l’autisme, je peux expliquer pourquoi j’ai besoin de temps dans un nouveau lieu pour m’adapter. Les gens sont plus patients et ça me permet d’être disponible plus rapidement.
  • En nommant l’autisme, je peux expliquer pourquoi je choisis parfois les mauvaises expressions de visage, ou alors pourquoi j’interprète mal celles des autres, ça évite bien des malentendus.
  • En nommant l’autisme, je peux partager avec intensité certains de mes ressentis positifs sans censurer, j’évite ainsi que les interlocuteurs croient que je suis sous l’effet des drogues.
  • En nommant l’autisme, j’ai le droit de sortir pour prendre plein de pauses… donc au lieu d’être plantée là en souffrance, à être non fonctionnelle, je me recharge et ça n’inquiète personne.
  • En nommant l’autisme, ça me donne la permission de poser des questions bizarres aux yeux des neurotypiques. Je n’ai plus à cacher mes incompréhensions. Les gens désirent être compris lorsqu’ils communiquent. Comment pourraient-ils être offusqués du fait que je tienne à m’assurer d’avoir bien interprété ? Voilà, il ne le sont pas.

Merci l’autisme.

Merci l’autisme, depuis que je te connais je suis plus libre, plus créative et plus disponible pour tisser des liens sans être rongée par la culpabilité. Tu n’es pas parfait, tu es souvent un gros paquet de troubles, tu me lances bien des défis, mais depuis que j’ai arrêté de me battre à chaque jour contre toi et de m’obstiner à essayer de t’étouffer, je me sens pas mal mieux. On dirait que tu fais partie de moi pour me donner un petit quelque chose d’unique, de plus rare… je pense que je commence à aimer ça. C’est bizarre vous trouvez ?

BONJOUR!

Je suis Valérie Jessica Laporte. Bienvenue dans mon univers autistique.

Femme blanche autiste souriante avec lunettes bleues et tresses bleues

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